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Même si le plafond en verre offrait une vue magnifique la nuit, il en allait autrement le jour. Aux premières heures de la matinée, le soleil se mettait à taper, ses rayons lumineux envahissant la pièce et me réveillant brusquement.
“ Je veux dormir encore un peu, nyaa… ”
Kumo, lui aussi, semblait perturbé par ces rayons de soleil. Malgré mon envie de prolonger ce moment de repos, je me levai machinalement, m'habillant comme à mon habitude. Les vieilles habitudes ont la vie dure, apparemment.
Je m'efforçai de protéger Kumo des rayons du soleil en me penchant au-dessus de lui, espérant lui offrir quelques instants de sommeil supplémentaires.
En l'observant, je ne pus m'empêcher de sourire. Ce gros chat n'était donc pas un rêve, il était bel et bien là, devant moi. Les cieux auraient-ils eu pitié de moi, exauçant enfin mes plaintes silencieuses ?
Et maintenant, qu'allais-je devenir ? Bien que ces questions traversassent mon esprit, elles ne m'inquiétaient plus autant qu'avant. Ce monde semblait plutôt agréable. Comment Kumo l'avait-il appelé déjà ? Nyanko ? Un monde peuplé de chats... Quel bonheur ! Je n'aurais pas pu rêver mieux.
Je me sentis étrangement heureuse en pensant à tout cela, un sourire se dessinant sur mes lèvres.
“ NYAAAA ! ”
Kumo se réveilla en sursaut, effrayé de me voir penchée au-dessus de lui avec ce sourire. À vrai dire, n'importe qui aurait été effrayé dans une telle situation.
"Tu es enfin réveillé. Bien dormi ?"
“ Je dormais bien, oui, jusqu'à ce que quelqu'un décide de me surprendre de cette façon… ”
Il me lança un regard accusateur avant de se lever et de se diriger vers la porte de la chambre.
“ Tu viens, nya ? ”
“ Ah, euh... J'arrive ! ”
Je me levai en hâte pour le suivre. Nous nous dirigions vers la salle à manger pour prendre le petit déjeuner. La table était à nouveau somptueusement dressée, avec une abondance de mets délicieux qui me donnèrent l'eau à la bouche. Madame Mizu avait véritablement des talents de chef, mais elle n'était pas visible.
“ Madame Mizu n'est pas là ? Je ne la vois nulle part. ”
“ On dirait bien qu'elle est partie quelque part. ” répondit Kumo en repérant une note sur la table.
Elle expliquait qu'elle avait une affaire à régler et qu'elle serait de retour rapidement. Elle nous encourageait à prendre notre petit déjeuner et à profiter de la matinée.
Nous nous installâmes donc à table. Je n'avais jamais vu un petit déjeuner aussi appétissant. Il y avait des croissants dorés, des fruits frais coupés en morceaux, des pancakes moelleux nappés de sirop d'érable, et une grande variété de pâtisseries.
Kumo n'hésita pas à se jeter sur la nourriture, piochant à droite et à gauche sans retenue. De mon côté, j'étais plus réticente. Mon corps semblait hésiter, incapable de choisir parmi toutes ces tentations.
“ La nourriture ne va pas venir toute seule à ta bouche, nya. Dépêche-toi de manger, je veux te montrer un endroit vraiment chouette après ! ”
Ses paroles me sortirent de ma torpeur. Avec une hésitation mêlée d'excitation, je pris une bouchée de pancake. C'était absolument délicieux, une explosion de saveurs sucrées et réconfortantes. Kumo avait vraiment de la chance d'avoir une mère aussi talentueuse. Une petite pointe de jalousie traversa mon esprit.
“ Quel est cet endroit chouette que tu veux me montrer ? ” demandai-je, curieuse.
“ Je ne te le dirai pas ! Mange d'abord, nya ! ”
Nous finîmes rapidement notre repas, l'excitation de la promesse d'une nouvelle découverte m'empêchant de savourer chaque bouchée autant que je l'aurais voulu.
Kumo m'entraîna dehors avec une précipitation enfantine, débordant d'énergie.
Nous marchâmes à travers des sentiers bordés de fleurs sauvages et d'arbustes, le paysage baigné de lumière matinale. Le vent léger portait des parfums de nature et de fraîcheur. Après un moment, nous arrivâmes enfin devant un vaste champ de pissenlits géants, leurs akènes blancs formant des sphères duveteuses suspendues dans l'air.
“ Un champ... de pissenlits ? ” m'étonnai-je en voyant l'étendue devant nous.
C'était donc cela l'endroit "chouette" dont il parlait ? Certes, la taille inhabituelle de ces pissenlits était impressionnante. Certains atteignaient bien 1m60, voire 2 mètres. Leur vue me rappela ma grand-mère, éveillant en moi une douce nostalgie.
“ Ne fais pas cette tête ! Ce n'est pas qu'un simple champ de pissenlits ! C'est un champ magique. Maman m'a toujours interdit d'y aller seul, mais avec toi, c'est sûrement permis ! ”
Ainsi, c'était pour cela qu'il était si pressé ce matin ! Il voulait y aller avant que Madame Mizu ne rentre, de peur qu'elle ne l'empêche de réaliser son projet.
“ Allez, viens dans le champ, ça va être amusant, nya ! ”
“ Attends-moi ! Ne cours pas ! ”
Malgré la course de Kumo qui agitait l'air, les akènes des pissenlits restèrent immobiles, comme si le vent n'avait aucune emprise sur eux. Comment était-ce possible ? J'étais certaine que le vent était suffisamment fort pour les emporter.
“ Kumo ! Où es-tu ? ” appelai-je en le cherchant des yeux.
Soudain, sa voix retentit plus loin dans le champ.
“ Yui ! Viens par ici ! Regarde ce que j'ai trouvé ! ”
Je me frayai un chemin à travers les pissenlits géants, suivant le son de sa voix jusqu'à le rejoindre.
“ Regarde, ce pissenlit brille ! ”
Effectivement, une lueur dorée émanait du pissenlit qu'il désignait, irradiant une lumière douce et envoûtante. C'était à la fois fascinant et irréel.
Sans réfléchir, Kumo se mit à creuser le sol à la base du pissenlit, dévoilant une fleur luminescente cachée sous la terre. La fleur semblait briller avec la même intensité que le pissenlit, mais sa lumière s'atténua soudainement une fois déterrée. Elle reprit de l'éclat lorsqu'elle entra en contact avec la fourrure de Kumo.
“ Une Fleur de Lumière ! Si ça ce n'est pas de la chance, nyehe ! ” s'exclama-t-il, ravi de sa trouvaille. Il rangea précipitamment la fleur dans sa fourrure.
“ Hein ?! Tu viens de la mettre dans ta fourrure ?! ” m'étonnai-je.
“ Rien de plus normal, nya ! Notre fourrure est magique, elle nous sert de poche pour ranger toutes sortes de choses, nyeheh ! ”
“ Eh bien, ça doit être drôlement pratique… ”
Même si je savais que j'étais dans un monde magique, chaque petite chose banale pour eux me laissait encore sans voix.
“ Et sinon, ce champ... C'est seulement les pissenlits qui brillent qui sont magiques ? ”
“ Pas exactement, non. Tous les pissenlits ici sont magiques et uniques. ”
“ Tous les pissenlits ? ” répétai-je, intriguée.
“ Oui ! Tu n'as pas remarqué quelque chose d'étrange avec les pissenlits ? Les akènes ne s'envolent pas malgré le vent. ”
C'était vrai, je l'avais remarqué plus tôt.
“ Et donc, qu'est-ce qui les rend magiques ? Je t'avoue que je ne comprends pas… ”
“ J'y viens, nyan ! Si tu arrives à faire s'envoler tous les akènes avec ton souffle, un objet magique et unique apparaît ! ”
“ Un objet magique ? ” m'exclamai-je, de plus en plus intriguée.
Comment pouvait-on faire s'envoler ces akènes simplement en soufflant dessus, alors qu'ils résistaient même au vent ? Cela semblait impossible, mais s'il s'agissait d'obtenir un objet magique, je pouvais comprendre la difficulté de la tâche.
“ Et quelqu'un y est déjà arrivé ? ”
“ Il me semble que oui, mais c'est très rare. Le peu de chats qui ont réussi n'ont fait s'envoler qu'un ou deux pissenlits, tout au plus. Ces akènes sont d'ailleurs appelés les Solanées ! Mais pourquoi portaient-ils ce nom déjà...? Nyaa, je ne me rappelle plus… ”
Tandis que Kumo se perdait dans ses pensées, essayant de se souvenir, je tentai de souffler sur un pissenlit à côté de moi. À ma grande surprise, il ne fallut qu'un souffle léger pour voir tous les akènes s'envoler en douceur. C'était fascinant !
À la place des akènes, le reste de la fleur se transforma en un magnifique papillon bleu de cristal, qui vint se poser délicatement sur mon épaule.
“ K-Kumo ! J'ai réussi! Les akènes se sont envolés, et un papillon est apparu ! ”
“ Nyaa ! Comment as-tu fait ?! ”
Encouragée par cette réussite, je soufflai sur un autre pissenlit. De nouveau, les akènes s'envolèrent, et cette fois, des clochettes apparurent, émettant un tintement doux et apaisant.
Chaque nouvelle découverte rendait ce champ plus magique, comme un coffre aux trésors rempli de surprises inattendues.
“ Des clochettes murmureuses ?! Mais comment fais-tu, nya ?! ”
Je rangeai les clochettes dans la poche de mon sweat, tout en continuant à souffler sur d'autres pissenlits, suivie de près par le papillon de cristal.
La facilité avec laquelle j'accomplissais cette tâche me rendait légère, et une joie pure s'empara de moi. C'était comme si toutes mes préoccupations disparaissaient dans l'air, emportées par ces akènes volants. Mon rire résonnait dans le champ, empli d'une gaieté enfantine que je n'avais pas ressentie depuis longtemps.
“ Es-tu sûr de tes informations concernant ces pissenlits, Kumo ? C'est plutôt simple, haha ! ”
“ Nom d'un poisson séché... Comment est-ce possible ? Je suis pourtant sûr de mes infos... Quelle était la signification des Solanées déjà, et pourquoi ces akènes s'envolaient-ils ? ” murmura-t-il pour lui-même, visiblement déconcerté.
Pendant que Kumo continuait à marmonner dans son coin, cherchant des réponses à son énigme, je continuais de parcourir le champ, faisant voler pissenlit après pissenlit.
Le spectacle offert par l'envolée des akènes était d'une beauté à couper le souffle. Chaque souffle révélait de nouveaux objets, tous plus insolites les uns que les autres, bien que la majorité se transformait en petites sphères ressemblant à des fleurs.
“ Les Solanées... Les Solanées… ” répétait Kumo, avant de s'interrompre brusquement. “ Mais... Attends, je m'en souviens maintenant... Ces akènes ne s'envolent que pour… ”
Quand je tournai la tête vers lui, je vis que son expression s'était assombrie, une tristesse évidente se lisant sur son visage. Que se passait-il ? Était-ce parce qu'il n'arrivait pas à faire s'envoler les akènes lui-même ? Ou peut-être que ses informations étaient erronées ?
POV Kumo :
Les Solanées... Yui, en voyant l'expression de joie sur ton visage après avoir soufflé sur ces akènes, j'ai enfin tout compris.
Le nom “ Solanées ” vient du mot latin “ sol ”, qui signifie “ soleil ”. Il évoque la chaleur, la lumière, et par extension, la joie. Ces émotions que j'ai retrouvées sur ton visage...
Ces akènes, sont attirés par ceux qui portent en eux une souffrance intérieure ou un grand besoin de quelque chose. Ils symbolisent la guérison, répondant à la douleur intérieure en offrant un objet magique, destiné à éveiller la joie chez la personne.
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