Quelques instants plus tôt – Madame Mizu et le Gardien :
Madame Mizu était rentrée chez elle, accompagnée par le Gardien de ce monde.
“ Je ne savais pas comment réagir face à cette situation, alors j'ai préféré vous avertir. Peut-être pourriez-vous y voir plus clair et prendre les mesures nécessaires, Monsieur le Gardien. ”
Le ton de Mizu était hésitant, marqué par une légère inquiétude. Ensemble, ils franchirent le seuil de la maison, mais l'absence de bruit et de mouvement autour d'eux sembla soudain anormal.
“ Les enfants doivent sûrement être dans leur chambre à jouer. Je vais aller les chercher. ” dit-elle, avec un sourire nerveux.
Sans soupçonner que les deux enfants étaient partis depuis un moment déjà, Mizu s'avança vers la chambre de Kumo.
“ Kumo ? Yui ? Venez ici… ”
Sa voix résonna dans le vide. Face à la chambre désespérément vide, le cœur de Mizu accéléra. Elle parcourut la maison en appelant Kumo et Yui, mais aucun signe d'eux n'apparaissait. Plus elle avançait dans les pièces désertes, plus son souffle se raccourcissait.
“ Bon sang... Je... je ne les trouve nulle part... Kumo ne serait jamais parti sans prévenir... Et s’il leur était arrivé quelque chose ? Qu’est-ce que je vais faire ? ”
L’anxiété maternelle montait en elle, ses yeux se remplissaient de larmes incontrôlées. Ses mains tremblaient légèrement, cherchant une réponse dans l’inconnu. Mais avant que ses émotions ne prennent le dessus, une main forte et rassurante se posa sur son épaule. Le Gardien la regardait, son visage calme et impassible.
“ Ne vous inquiétez pas, Madame Mizu. Je les retrouverai sains et saufs. Ils ne doivent pas être bien loin. Tout va s’arranger. ” Sa voix, posée, portait une assurance qui traversa les doutes de Mizu.
Elle hocha la tête, essuyant ses larmes.
“ Merci infiniment… ”
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Retour à Yui et Kumo :
“ Je pense qu’il est temps de rentrer, Madame Mizu sera sûrement inquiète quand elle verra qu’on n’est pas à la maison. Et puis, on n’a laissé aucune note. ”
“ C’est ce que je disais depuis tout à l’heure, nya ! ”
“ Ou bien, c’était juste une excuse pour t’enfuir parce que tu avais peur, non ? ” répliquai-je avec un sourire moqueur, cherchant à alléger l’atmosphère.
Kumo grogna. “ Je ne te permets pas, nya ! ”
Nos rires se mélangèrent alors que nous suivions le papillon qui nous guidait à travers des sentiers de plus en plus boisés. Nous étions presque à l’entrée d’une forêt dense, quand soudain, un jeune homme mi-humain, mi-dragon atterrit en face de nous, sa silhouette imposante et sa présence captivante stoppant nos rires d'un seul coup.
Ses longs cheveux noirs aux pointes rouges flottaient doucement autour de son visage sévère, et ce sont ses yeux dorés qui attirèrent immédiatement mon regard. Ils brillaient comme des flammes éternelles, presque hypnotiques, brillant d’un éclat profond, presque surnaturel. Il portait un kimono traditionnel aux motifs élégants, rappelant une époque ancienne, mystérieuse, et pourtant majestueuse.
Mon cœur se mit à battre plus fort. Serait-ce ça, le coup de foudre?
“ Vous devez être Yui et Kumo. ” Sa voix calme résonna avec une autorité naturelle.
“ Nyehehe, en personne ! Je ne savais pas que j’étais populaire, vous voulez un autographe ? ” plaisanta Kumo, incapable de s'empêcher de glisser une réplique humoristique, même dans une situation aussi tendue.
“ Je suis le Gardien, Seiryu. Je suis venu vous chercher. Chacun doit retourner chez soi. Je vais vous y emmener. ” L'homme resta impassible.
Mon cœur, qui s'était emballé un instant devant cet être captivant, se serra maintenant d’angoisse. Retourner chez moi ? Cette simple idée fit naître en moi une peur que je n'avais pas encore osé affronter.
“ R...retourner chez soi ? Mais... Je ne veux pas partir. Je pense que je vais rester ici. ”
Ma voix tremblait légèrement, luttant entre la confusion et l’incertitude. Mais ses yeux restèrent froids, et son ton devint catégorique.
“ Ce n’est pas une option. Ta place n’est pas ici. Tu dois retourner dans ton monde. Allons-y. ”
Il avança vers moi avec détermination, tendant la main pour attraper la mienne. Je la retirai violemment.
“ J’ai dit que je ne voulais pas partir ! ”
À cet instant, un rugissement monstrueux résonna à travers les arbres, écho effrayant d’une bête inconnue. Nos regards se tournèrent instantanément vers la source du bruit. C’était une opportunité. Une distraction dont j’avais besoin.
Sans perdre de temps, j’attrapai la patte de Kumo et nous nous enfonçâmes dans la forêt, poursuivis par l’ombre des branches qui recouvraient le ciel. Mon souffle se faisait court, et l’adrénaline parcourait mes veines. Kumo, comprenant enfin la gravité de la situation, me mit sur son dos et commença à courir à toute allure, ses pattes rapides soulevant des nuages de poussière.
Je jetai un coup d'œil derrière nous. Le Gardien nous rattrapait déjà.
“ Yui, ça ne sert à rien de fuir ! Tu dois retourner chez toi ! ” cria-t-il d’une voix forte.
“ Kumo, qu’est-ce qu’on va faire ? Il est juste derrière nous ! ” dis-je, paniquée, mes pensées désordonnées ne parvenant plus à trouver d’issue.
“ Nya ! Tu as toujours les grenades florales qu’on a récupérées dans le champ de pissenlits ? ”
Les grenades florales… Bien sûr ! J'avais presque oublié.
Je fouillai frénétiquement mes poches pour en sortir les petites bombes végétales.
“ Je dois juste les lancer, c’est ça ? ”
“ Nya ! ”
Alors que la brume se formait autour de nous, je lançai plusieurs grenades derrière moi. Dès qu'elles touchèrent le sol, elles explosèrent dans un nuage de pétales scintillants et de pollen, formant une barrière de fleurs éclatantes qui se refermait en spirale, rendant le passage presque invisible.
“ Je pense qu’on l’a semé, Kumo ! ”
“ Nyehehe, à nous la victoi— ”
Kumo s’interrompit brusquement. Je levai les yeux et vis, avec horreur, une pente abrupte devant nous. Il tenta de s’arrêter, mais sa vitesse rendit toute manœuvre impossible. Nous basculâmes ensemble dans la descente.
“ AAAAAAH ! ”
“ NYAAAA ! ”
Nous roulâmes violemment dans la pente, percutant des rochers et des branches, nos corps projetés sans contrôle dans cette chute interminable. Finalement, nous atterrîmes au fond d'une grotte sombre. Mon corps endolori, je me relevai péniblement.
“ Kumo ? Kumo, ça va ? ” appelai-je, ma voix tremblante résonnant dans l'obscurité oppressante.
“ Nyaaa... Maman va me punir et me priver de poisson grillé jusqu’à la fin des temps… ”
Même dans la douleur, son inquiétude pour sa nourriture me fit sourire.
Je me guidai à travers l’obscurité pour le rejoindre. Mais au loin, des pleurs résonnèrent, froids et sinistres, comme ceux d’âmes perdues. Un frisson parcourut mon corps. Kumo, agité, tremblait, incapable de se calmer. La panique commençait à me gagner.
Mais je me rappelai que j’étais responsable de lui. Tout ce qui venait de se passer était à cause de moi. Je devais le calmer, même si moi-même, je sentais la peur m'envahir.
Je pris une grande inspiration et, malgré mon cœur affolé, me rappelai de la berceuse que ma grand-mère me chantait autrefois. Avec hésitation, je commençai à chanter doucement dans cette grotte obscure.
“ Sous la lune, douce nuit,
Ferme les yeux, mon petit.
Les étoiles veillent sur toi,
Dans leurs bras, tu resteras.
Rêve des champs de lumière,
Où les fleurs dansent, légères.
Le vent murmure doucement,
Des secrets d'un autre temps.
Ne crains rien, je suis ici,
Près de toi, jusqu'au matin.
Laisse tes soucis s'envoler,
Dans ce monde enchanté”
Mon chant résonna doucement, apaisant peu à peu l’atmosphère lourde qui nous entourait.
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