.
.
.
Après ce qui sembla être une éternité à feindre le sommeil, j'entendis enfin la respiration de Seiryu s'apaiser, signe qu'il s'était assoupi. La nuit était silencieuse, à peine troublée par le crépitement des dernières braises du feu.
Prudemment, je soulevai la couverture que Seiryu avait posée sur moi. Sa chaleur m’avait enveloppée jusqu'à présent, mais je ne pouvais pas me permettre de la garder. Je déposai lentement la veste au sol, veillant à ne pas faire un seul bruit, mes gestes mesurés, comme si le moindre son pouvait réveiller la forêt tout entière.
Je me redressai, mes muscles tendus par l'effort de me déplacer sans bruit. Seiryu dormait paisiblement à quelques pas de moi, sa silhouette mi-humaine, mi-dragon semblait presque vulnérable sous la lueur argentée de la lune.
Tss, tss… Regardez-le, si paisible, tandis que sa prisonnière s’apprête à s’enfuir tranquillement. Le voir dormir ainsi, en toute confiance, alors que j’allais l'abandonner dans son sommeil. Il me paraissait si puissant, et pourtant, à cet instant, je lui échappais.
Bien que ses paroles aient été sages, remplies d’une vérité indéniable, la réalité restait tout autre. Comme on dit, "c’est plus facile à dire qu’à faire". Il m’avait conseillé de retourner dans mon monde, de le façonner selon mes désirs, mais il ignorait tout de ma réalité. Je n’avais aucun pouvoir sur ce qui m’attendait de l’autre côté. C’était une cage à laquelle je ne pouvais échapper. Alors, s’il fallait que je meure ici, dans ce monde étrange mais magnifique, qu’il en soit ainsi.
Je me glissai lentement hors du campement, chaque pas calculé, mes pieds effleurant à peine le sol pour éviter de casser une brindille ou de froisser une feuille morte. Kumo dormait profondément, roulé en boule près des cendres du feu. Ses ronronnements étaient presque inaudibles, et je ressentis une pointe de culpabilité à l’idée de l’abandonner ainsi. Mais il valait mieux qu'il reste ici, en sécurité.
La forêt autour de moi était dense et sombre, mais étrangement apaisante sous la lumière tamisée de la lune. Les arbres, leurs branches entrelacées comme des doigts squelettiques, semblaient me protéger de tout danger extérieur. Le silence était palpable, oppressant, mais en même temps, il m'offrait une couverture parfaite pour m'éloigner sans me faire repérer.
Je continuai à m'enfoncer dans la forêt, mes sens en alerte. Chaque craquement lointain de branche me faisait tressaillir, mais je devais continuer. Chaque battement de mon cœur résonnait dans ma poitrine, rapide et puissant, mais je refusais de m'arrêter. Le monde, aussi beau soit-il, ne me donnait qu'une seule option : fuir.
Lentement, je laissai derrière moi le campement où Kumo et Seiryu dormaient encore profondément. Mon esprit oscillait entre la peur et la liberté, entre l’envie de vivre et l’acceptation de la mort. Pour moi, la mort ici semblait plus douce que la vie dans mon ancien monde.
Comments (0)
See all