Soma jeta sa mallette sur le canapé et alla se chercher un verre d'eau. La nuit était tombée depuis bien longtemps. Encore une journée éreintante... et solitaire. Ce soir il y avait une soirée karaoké à l'occasion de l'anniversaire d'un de ses anciens camarades, mais il ne pouvait plus supporter ces rappels du passé duquel le seul élément dont il se languissait lui était à présent interdit. Il alluma la télévision et se dirigea à nouveau vers la cuisine.

-... agression ayant frappé l'opinion japonaise et mondiale. Une équipe de médecine humanitaire au Mali s'est faite attaquer cette nuit par un gang rebelle. Un mort et trois blessés dont un grave seraient à déplorer. Le reportage de Shô Takeshi.

Soma s'arrêta un instant, intrigué. Le visage du reporter apparut, se détachant d'un petit groupe de ce qui devait être d'autres journalistes s'amassant devant une porte gardée.

- Une tragédie s'est déroulée à dix-sept heures, heure locale, dans le petit camp de Bakao géré par l'organisation NFV. Un groupe armé a surgi lors d'une séance de vaccination pour rançonner le groupe médical et le village. Grâce au courage de l'équipe humanitaire la majeure partie de la population a pu être mise à l'abri, mais devant le refus d'obtempérer des responsables, une fusillade s'est déclenchée. Telles sont les informations qui nous sont parvenues actuellement. Nous tentons d'en savoir plus auprès de l'hôpital français où les blessés ont été rapatriés. Il semblerait en effet que trois personnes blessées aient été transportées d'urgence. Le responsable de l'équipe japonaise, le médecin Ikeda Yoshio aurait été blessé relativement légèrement, de même qu'un jeune volontaire Saneda Ryô. Le responsable de l'équipe française Demondaruboa Seishi serait, lui, dans un état critique.

Le verre de Soma éclata en une volée de petits éclats en percutant le sol.

- Ce... Ce n'est pas possible...

-... boa-sensei, brillant interne en chirurgie, est le fils d’un ex-dignitaire du consulat de France. On ignore actuellement ses chances exactes de survie, les médecins français tentent l'impossible. Cette tragédie a une nouvelle fois alerté l'opinion mondiale sur...

Soma n'entendit pas la suite, les yeux uniquement fixés sur la photo à l'écran rendant tout espoir d'erreur vain.

- Seishi... murmura le jeune homme d'une voix éteinte. Mais ce n'est pas vrai ! éclata-t-il.  Que ferait-il... Que faisait-il là-bas ??!! Et pourquoi est-ce que... Sei non...

Il se jeta sur le téléphone, appelant le premier numéro de la liste, inutilisé depuis ce qui lui paraissait des lustres. Des secondes interminables s'écoulèrent avant que l'appel n'atteigne la France, puis vint la sonnerie, froide, régulière...

- Je vous en prie... Par pitié répondez, quelqu'un... Dites-moi que ce n'est pas vrai...

Sa voix s'éteignit à mesure qu'il glissait à genoux, la sonnerie vengeuse résonnant encore et encore. Il calcula l'heure rapidement. En temps normal les parents de Seishi, sa mère tout au moins, auraient dû être là, sauf exception mais... Et il n'y avait même pas le répondeur. Il gémit.

- Non... Sei...

Soma demeura ainsi prostré de longues minutes puis, soudain, frappa le sol du poing et bondit sur ses pieds.

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Notes : Pour ce chapitre en particulier et la suite, je vous renvoie vers les notes du début. Car oui, à cette époque le mobile/téléphone portable n'était pas d'actualité pour tous, et surtout pas pour des appels longue distance. Même en fixe c'était un luxe ^^; Et c'est en grande partie pour cela que je n'ai pas "mis au goût du jour" l'histoire car les moyens de communication actuels auraient franchement tout changé...

*Et je ne vous raconte pas au Japon la galère pour avoir le téléphone. Il fallait acheter une ligne ! Heureusement une collègue retournée chez ses parents m'avait "loué" sa sienne pendant mon séjour ce qui m'a permis de communiquer avec la famille sinon, ben c'était les mails texte très à l'ancienne...*