23 mai — 23 h 5
Tayla McKenzie et la machine sont en cohésion.
Il ne manquait plus que ça.
Athomas Killian est pris au piège, détruit physiquement et mentalement.
Cette machine super humaine et cette femme, qu’il considère comme un malus rempli de galanterie, l’observent. On dirait une bande de loups qui épient un lapin qui ne peut plus bouger.
Des sirènes de police se font de plus en plus entendre dans la rue principale qui avoisine leur ruelle.
« Sûrement qu’ils ont appelé des renforts. Toska, combien de dommage est-ce que la ville à reçu ? », demande Tayla à la machine qui dépasse facilement tout être humain ordinaire.
« 0,13 % de l’effectif atomicien a été endommagé. Ceci inclut la perte civile et les dommages causés aux bâtiments et autres infrastructures. »
« Tu dis tout le temps ça Toska, mais je crois bien que ton créateur n’a pas bien saisi qu’on a besoin que tu calcules les choses comme elles doivent être calculées. »
« Les mathématiques ne sont pas ma spécialité, agente McKenzie », réplique la machine. Sa réplique aurait sonné banale si ce n’était pas pour cette voix grave au point d’en être insupportable. Tayla ne fait que hausser les épaules et rouler les yeux en l’air.
[Sang-sure — compétence passive « Transfusion sanguine » : activé]
Le cœur ouvert de Toska se met à produire un son irritant sur une fréquence rythmée. Lui et Tayla se regardent et jettent rapidement un œil sur Athomas.
Son corps, ses vêtements, tout devient liquide, d’un rouge foncé. Une véritable crème glacée couleur pourpre fond là où se trouvait Athomas.
Tayla et Toska restent les deux indifférents face à cette soudaine transformation. Plutôt, la directrice de Vil de Ville est préoccupée par le nombre de voitures de police qui s’accumulent derrière eux. En effet, les dommages causés à la rue doivent alerter les autorités locales, ce qui rend leurs activités problématiques.
« Et moi qui aurais voulu régler ça avec un peu de diplomatie. Je mange ce que je mérite. », exprime Tayla, se grattant la tête, un peu embarrassée.
De la flaque de sang surgi Athomas d’un trait. Plus son corps se reconstitue, plus la flaque se met à disparaître.
Une colère profonde alourdit le fugitif, qui dévisage la soi-disant responsable de son sort. Tayla lui retourne le regard avec un air naïf, comme si elle ignorait son mécontentement.
« J’espère que le spa est rafraîchissant. Il va aussi falloir que tu coopères avec nous, Athomas », interpelle la directrice de Vil de Ville. « Après tout, je suis bien curieux de ce que tu aurais pu trouver dans ma bibliothèque qui te fait courir partout comme ça. »
Athomas ne répond pas à ce changement de ton.
« Toi. Tu as le culot de venir m’accoster pour ta sale bibliothèque. Après avoir détruit ma vie !? Tu penses que je ne me souviendrais pas, hein !? Tu m’as enlacé comme un serpent ! Tu as empoisonné mon mariage ! Et maintenant, tu veux me poursuivre à mort toi aussi !? »
Tayla semble curieuse face à ce spécimen.
« Effectivement… Tu te souviens bien de tout ça », confirme Tayla, surprise. « Et puis-je croire que tu n’y es pour rien dans le cambriolage de ma bibliothèque ? »
Soudainement, derrière eux, une voix enragée et déstabilisée retentit fort dans un mégaphone.
« C’est la dernière fois qu’on te l’ordonne, Athomas Killian ! Sors de ce putain de trou, les mains en l’air, et mets toi à genoux ! Si dans trente secondes tu ne sors pas d’ici pour répondre à tes crimes, je te le signale tout de suite, il n’y aura plus d’hésitation ! On te tirera dessus jusqu’à ce que ta mutation ne fasse plus effet, tu m’entends !? », hurle Richard Young.
Sa voix craque, pratiquement démasculinisée. Il s’efforce de ne pas pleurer, les dernières 30 minutes de sa vie plus folles qu’il n’aurait pu prédire.
« Tayla, en analysant les notes que tu nous as envoyées cet après-midi, mon créateur stipulerait que… » Toska n’a pas le temps de finir sa phrase que la directrice lève sa main vers lui en signe d’interruption.
« Oui oui, je me rends bien compte aussi qu’Athomas n’est probablement pas celui derrière le cambriolage de Vil de Ville. Ses pouvoirs n’ont rien en commun avec ce qui a causé le trou dans la bâtisse. Il aurait bien fallu trouver le coupable ce soir, mais cela n’est plus dans nos priorités. »
Elle avance vers la lumière des phares policiers qui clignotent et obnubile les sens. Tayla met sa main devant son visage pour se protéger de toute cette luminosité éclatante et volatile.
« Trop de gens sont au courant », se dit-elle d’une voix sinistre.
* * * * *
23 mai — 23 h 8
La directrice sort de la ruelle, à la mécompréhension de la milice.
Richards en particulier est sans voix, ébranler de ne voir que cette foutue directrice de bibliothèque sous son chemin. La raison de sa participation dans une enquête policière qui ne la regarde pas rend cette femme envahissante et insaisissable. Richards sens qu’il va faire une crise de panique.
« Tayla, qu’est-ce que vous venez faire ici ?? », demande Richards, ébahi.
« Je me demande la même chose en vous voyant, monsieur Young », réplique avec calme Tayla. « Je crois effectivement que ce n’est pas la personne que je vous ai demandé de chercher. »
Son petit sourire mesquin envoie Richards dans une frénésie.
Le policier laisse tomber le mégaphone et marche, imprudemment, vers Tayla. Il l’agrippe par le collet et la plaque contre le mur adjacent à la ruelle. Leur corps est rapproché, alors que Richards à de la misère à sortir les menottes de sa poche.
Tayla sort un halètement aigu de sa bouche, anormale et peu naturelle, qui prend par mégarde les policiers derrière. Ce cri rend la situation plus compliquée qu’elle ne l’est déjà.
« J’en ai ma claque de vous et de votre foutue bibliothèque ! Vous avez mal choisi la ville pour faire des demandes aussi ridicules ! Vous n’êtes pas spéciale, vous entendez Tayla McKenzie !? Vous êtes une moins que rien qui habite une ville de moins que rien ! Troposville a corrompu un de mes camarades ! »
Richard continue son râlement rempli de haine et de rage excessive sur la directrice.
Il se rapproche d’elle à seulement quelques centimètres près, ses yeux collés sur elle alors qu’il plaque sa face au mur et se colle sur elle avec des menottes aux mains.
Les deux cadets Mezzanine et Pétrarque regardent leur chef avec une sorte de dégoût.
« Alors vous allez fermer votre gueule, et accompagner le criminel en prison ! », finit Richard.
Tayla gémit un petit rire qui sème la terreur. Dans une position comme celle-là, elle jette un coup d’œil sur l’orgueil du policier.
« C’est vrai… Athomas vient de Thermosville lui aussi. J’ai toujours eu une piqure pour les hommes de cette ville-là, on dirait. D’ailleurs, je me souviens bien de la dernière fois avec toi. J’ai bien aimé les chaînes aux poignets. »
Richard, comme par instinct, recule. Il laisse les menottes tombées par terre.
Richard est pétrifié.
« La… dernière fois ?? »
« Oui, la dernière fois, il y a à peu près deux semaines et demie déjà. », réclame Tayla, en haussant le ton de sa voix.
Hors de nulle part, une autre source de lumière intense sort de la ruelle. Une odeur de brûlé intense et un hurlement strident et terrifié s’étalent sur tout le long de Troposville.
Richard comprend immédiatement ce qui se passe.
« Athomas ! »

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