23 mai — 23 h 8

Tandis que Tayla quitte la ruelle pour affronter les lumières policières, Toska fixe Athomas avec ses yeux épouvantables.

L’évadé rentre de nouveau dans un état d’affolement. Il ne peut pas supporter une créature aussi puissante pendant encore longtemps. 

Rapidement, Athomas repasse en revue le nombre de manas consommé par le système.

[MP : 0/100]

Il est officiellement à court de jus. 

C’est un grave problème.

Si sa prochaine tactique ne fonctionne pas, Athomas va probablement mourir d’une cruauté marquée des mains de cette machine.

« J-Je n’ait pas dit mon dernier mot, saloperie ! », s’écrit le fugitif, pris littéralement, et de façon figurative, entre deux murs.

Soudainement, les six boules sanguinaires de tout à l’heure réapparaissent derrière l’ancien journaliste, sa seule défense face à Toska. La machine se positionne pour leur deuxième ronde. Ses deux mains tournent en rotation à 360 degrés, pour rappeler qu’il s’agit effectivement d’une machine à tuer, et non pas d’un jouet qui fait des pirouettes pour le plaisir. Athomas grimace, pris dans sa panique et ne voulant pas mourir.

« Prends ça ! »

Athomas lance sa première boule sanguinaire à plein régime sur le crâne métallique de Toska. Ce dernier le bloque avec sa main gauche en la tassant violemment de son chemin. La boule éclate en réponse et se répand sur l’œil gauche de Toska. 

Sa vision est affectée par cette surprise. 

Athomas en profite pour courir vers la machine à toute vitesse. L’adrénaline le pousse vers un comportement risqué, mais Athomas ne peut plus réfléchir. Ses instincts de survie sont affectés par le prospect d’agoniser sans pouvoir accomplir sa mission.

[Sang-sure — arme sanguinaire : activé]

Deux des cinq boules sanguinaires se déplacent sur chacune des mains d’Athomas et se transforment en une arme qui ressemble à des épées. Leurs formes sont rudimentaires et brutes. 

Athomas par à l’attaque, essayant d’atteindre en vain son adversaire avec des lames de sang. 

Toska ne fait qu’esquiver les coups mal placés. Pour le cyborg, Athomas n’est qu’un pauvre adepte du combat qui tente désespérément de survivre l’inévitable.

Toska veut riposter avec un coup de poing venant de sa gauche, que le fugitif esquive de justesse. Athomas voit une opportunité et balance le sabre à sa droite sur le visage de la machine, sa garde baissée. 

Toska agrippe le bout de la lame avec sa main droite.

« Mauvaise idée ! », s’exclame Athomas.

Tout à coup, l’épée sanguinaire explose en profusion au contact de la main droite du cyborg, maintenant tachée de sang à profusion. 

Il se fait distraire assez longtemps qu’Athomas l’atteint ensuite sur l’épaule et l’avant-bras droit. Cette épée explose aussi dans un bain de sang qui rend le côté droit de Toska tâché d’un rouge écarlate.

La machine note le fait qu’il ne ressent aucun dommage.

Utilisant ses trois dernières boules sanguinaires, Athomas lance une attaque désespérée vers la machine : une gigantesque flaque de sang qui recouvre presque tout le corps de ce robot géant.

Les propulseurs qui étaient sur les mollets de Toska se déplacent maintenant sur la partie qui correspond à des quadriceps. En un instant, Toska évite la flaque de sang avant même qu’elle ne le touche. Cette dernière éclabousse une énorme partie de la ruelle.

Il y a une courte pause.

Athomas a une impression à double tranchant qui lui traverse l’esprit.

Il est clair que sa tactique peut fonctionner. Si la chance est de son côté, il va pouvoir s’en sortir indemne. 

Pourtant, ce gros tas de métal est bien moins agressif qu’il y a quelques minutes. Athomas peut s’avouer à lui-même être un faible combattant et piètre quand il s’agit de prendre des décisions éclairées et logiques. Il sait aussi que Toska a eu, durant cette dernière minute, une panoplie d’opportunités pour riposter, mais qu’il n’a rien fait mis à part un faible crochet gauche.

Peu importe ce que ce jouet essaie de faire, Athomas se sent définitivement comme le jeu de cette foutue entreprise. Tout le temps en train de fuir le gouvernement jusqu’à ce qu’il ait réussi le niveau 1. Maintenant, il est pris dans une cacophonie avec cette abomination comme récompense. La colère se déverse sur sa peur et son manque de logique refait surface.

Toska se rend compte de ce qu’il va se passer.

[Sang-sure — lance de métal : Activé]

D’un coup sec, Toska agrippe la partie ensanglantée de sa propre figure avec sa main encore sèche, et l’arrache. Le cyborg lance sa moitié de face en l’air avant qu’elle ne s’arrête soudainement. 

Puis, avec une force et une vitesse que même la machine n’aurait pu calculer, son épaule, une partie de son avant-bras ainsi que toute sa main droite couverte de sang sont arrachées de plein fouet.

Tout ce métal se combine et se régurgite en une dizaine de lances d’une cinquantaine de centimètres qui flotte au-dessus de Toska.

Son épaule perdue, tout ce qui reste du bras droit s’écrase par terre.

Athomas semble épuisé.

Toska garde son horrible vision sur Athomas, comme si cette perte de membres et d’une moitié de sa figure le dérangeait à peine. Derrière le masque de métal se cachent plusieurs segments de fils de multiples couleurs ternes et bleutés. 

Ses yeux ressemblent vachement plus à des yeux humains, terrifiants à cause du contour toujours aussi noir, entouré de cette masse cybernétique.

Les dizaines de lances flottantes peuvent facilement trancher à travers la machine, ou au moins la distraire pour qu’Athomas prenne ses jambes à son cou. 

« Un dernier mot avant ta souffrance finale, Toska ? », sort Athomas, qui transpire à grosse goutte. 

Cette tactique lui a nécessité une tonne d’énergie. Il a l’impression que l’évanouissement est proche.

Toska le regarde, sans émotion.

Sa main gauche se lève tranquillement, sournoisement.

La paume s’ouvre. 

Dans la main de Toska se trouve un cercle d’un bleu marin aussi ternes que les fils entassés derrière son visage.

« Brûle ».

Le rond devient de couleur rouge.

Une seconde plus tard, tout le corps d’Athomas prend en flamme. 

Ce feu est accompagné d’un cri de douleur à en faire des cauchemars, alors que la victime essaie tant bien que mal de se débattre, un combat à peine perdu. 

Le rond dans la paume de Toska redevient bleu marine. La flamme se dissipe tranquillement.

Étonnamment, rien d’autre ne fut endommagé. Pas les bâtiments, pas les clôtures qui délimitent cette ruelle, pas de fenêtre, ni les sacs de poubelle remplis à craquer de déchets.

La seule chose de brûlé vivante est Athomas.

Ce qui reste D’Athomas Killian sont des cendres qui reconstitue le corps de la victime telle une statue.

Toutes traces de sang qui proviennent des techniques causées par le système d’Athomas disparaissent aussi discrètement.

Le rond dans la paume de Toska s’ouvre. Il se rapproche des cendres de sa victime. Le trou dans la paume de sa main aspire soudainement toutes les cendres qui proviennent du corps d’Athomas Killian.

« Athomas Killian fut neutralisé. Le sous-système “Sang-sure” est prêt pour une analyse complète », annonce Toska de sa voix corrompue.