Je m’ennuie.
C’est un fait, être allongé dans un lit avec la stricte interdiction de se lever = ennui. Surtout que cette foutue téloche marche plus ! Ils disent qu’ils vont la changer, ces chieurs d’infirmiers, mais ils ne bougent pas beaucoup leur cul…
La porte s’ouvrit pour faire place au lit d’hôpital de ma coloc’. Une jeune fille toute en os avec des cheveux châtains super longs, d’après ce que j’ai pu en voir. C’est aussi le p’tit Célie qui s’occupe d’elle. Il la place de l’autre côté de la chambre et tire le rideau pour lui laisser un semblant d’intimité. Je poussai un soupir, les bras croisés sur le torse. Je boude, oui, parfaitement.
Un nouvel arrivant pénétra alors la chambre.
- Ah, mais c’est le p’tit Darkie ! me réjouis-je.
Le gamin me salua d’un signe de tête. C’était un élève que j’avais en début d’année avant de me faire hospitaliser ici. Un gosse bizarre qui porte tout le temps un masque, mais je m’entends bien avec lui parce qu’il ne parle pas des masses. Il me rendait de temps en temps visite en me ramenant des magazines, des trucs de ce genre. Je les avais déjà lus, mais, au moins, j’avais autre chose à faire que de contempler ces putains de murs.
Comment je pouvais les avoir déjà lu, ces magasines ? Bah, ils venaient de chez moi. J’avais passé la clé à Darkie. C’était inconscient ? Rien à foutre, je vais crever ici, de toute manière.
Darkie me tendit la revue que je lui avais demandée à sa dernière visite.
- Monsieur Auteuil !
Ah merdre, vl’à Cerbère… Le chien enragé m’arracha le magazine des mains.
- Pas de revue cochonne dans l’hôpital ! me houspilla-t-il.
- Allez quoi, fais-moi une fleur, mon p’tit Célie ! Après tout ce qu’on a vécu ensemble !
- Célie.
Ce prénom, prononcé avec grand étonnement, provenait du gamin. L’intéressé cessa de me foudroyer du regard un instant et porta son attention sur le gamin.
- Mais… Tu es celui qui accompagnait Amedeo hier, toi !
Amedeo, tiens, qui c’est ? Ah, ouais, le tuteur de Darkie. Je l’avais déjà rencontré à quelques reprises. La première fois, c’était quand il avait fait le tour des profs de Darkie pour leur expliquer son comportement et comme quoi il fallait pas demander au t’chô de retirer son masque, des conneries de ce genre. Je savais pas que c’était une connaissance du p’tit Célie !
- Vous vous servez d’un enfant pour faire vos commissions ! réalisa brusquement mon dragon personnel. Vous n’avez donc aucune honte ?
- Non, aucune, admis-je, surpris qu’il ose encore me poser la question.
Il soupira, désespéré avant de se tourner vers Darkie.
- Excuse-moi, tu es Darkie, c’est ça ? Je m’appelle Célie Kea, je suis le frère d’Amedeo. C’est une chance que je tombe sur toi. Est-ce que tu pourrais me donner son adresse ?
Hein, ils sont frères ? J’en apprends tous les jours.
- Vous vous ressemblez pas, lâchai-je.
- Vous le connaissez ? s’étonna Célie.
- Il est déjà venu me voir au collège.
- Oh… ? Hé bien, on a été adopté par le même couple, alors je suppose qu’on peut se dire frères.
Darkie lui tendit une carte de visite, apparemment celle de son tuteur. Je vis le visage du p’tit Célie s’illuminer et il remercia chaleureusement l’enfant. J’aurais pu me foutre de lui, mais je décidai de ne rien en faire.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu quelqu’un sourire avec autant de joie…
Comments (0)
See all