Bon… Allez voir Tina, la retrouver en larmes. Repartir pour espérer se défouler avec un ballon et finalement ramasser un pote à côté de ses pompes. Je n’avais pas de bol, moi.
J’étais allongé sur mon lit, à m’amuser à faire rouler entre deux doigts une bague en argent plaqué qui représentait une couronne. Tout ce qu’elle avait laissé après son départ… Dans la pièce d’à côté, Nelson prenait une douche. J’avais téléphoné quelques minutes auparavant à son père pour lui dire qu’il restait chez moi, ce soir. Ce pauvre Olivier m’avait semblé désespéré. Je n’ai pas osé le questionner, mais, apparemment, quelque chose d’assez grave s’était produit. J’espérais juste que ça s’arrangerait par la suite, mais quand Nelson était dans cet état-là, je savais qu’on en avait pour un moment…
Je soupirai et remis la bague à mon pouce. Mes parents avaient un peu fait la gueule sur le coup quand je leur avais dit que Nelson restait ici, mais, finalement, ils n’avaient pas eu trop le choix, puisqu’ils étaient partis visiter ma grand-mère.
- Nelson, je vais faire des pâtes ! lui indiquai-je.
- OK ! me répondit-il à travers la porte de la salle de bain.
Quand j’entrai dans la cuisine, je mis la bouilloire en route. Quand je trouvai enfin la casserole (maman a vraiment un système de rangement bizarre…), je mis du sel au fond puis y versait l’eau bouillante avant enfin de lâcher les spaghettis. Dans la seconde qui suivit leur plongeon, Nelson entra dans la cuisine, vêtu d’un de mes vieux pyjamas. On s’assit tous deux à la table et je lui tendis une bière en canette. Quand les chats ne sont pas là, les souris dansent la sambadiole, non ? Il n’est pas majeur, mais moi si, et j’avais envie d’une bière. Je n’allais quand même pas la siroter devant mon pote déprimé, si ?
Il me grommela un merci et en but une gorgée.
- Tu m’expliques ? lançai-je.
Je n’aime pas tourner autour du pot en terre molle. Autant crever le sac à purin tout de suite. Mais Nelson détourna les yeux et tripota son piercing à l’arcade sourcilière.
- Je n’ai pas vraiment envie d’en parler…
- Alors, crache le morceau. Qu’est-ce que cette connasse a fait, cette fois ?
- …
- Nelson, soupirai-je en roulant des yeux.
Qu’est-ce qu’il pouvait m’énerver quand il était comme ça ! Il but une nouvelle gorgée et claqua sa canette sur la table alors que des vagues de colère montaient en lui.
- Elle va se marier avec mon père…
Alors là, pour le coup, pour être surpris, je l’étais… Delphine, cette foutue fauteuse de troubles, était connue pour être une prostituée dans la rue de la corniche, un coin pas très fréquentable. Un jour, allez savoir pourquoi, elle semblait s’être entichée d’Olivier et elle ne l’avait plus lâché. Si elle avait été honnête ou sympa, ça aurait pu encore aller, mais elle s’était fait un devoir de pourrir la vie de mon meilleur ami. En partageant avec lui, par exemple, ses folles expériences sexuelles. Elle adorait lui raconter toutes les cochonneries qu’elle faisait avec son père et lui proposait même parfois de se joindre à eux.
Je comprenais mieux pourquoi Nelson s’était enfui… Je vis un sourire soudain se dessiner sur ses lèvres.
- Je lui ai foutu une belle baigne, je crois qu’elle s’en souviendra.
J’éclatai de rire. Bien fait pour elle ! Mais le sourire de Nelson s’évanouit bien vite. Houlà, houlà, il allait craquer ! Alerte, code rouge, cramoisi, même ! Je voyais déjà les larmes poindre ! Heu, une idée, une idée…
- Bon, allez, Nels’, debout !
Il releva la tête, renifla.
- Quoi ? grogna-t-il.
- Tu vas arrêter de te lamenter comme une gamine et te comporter comme un homme ! Alors debout !
- Mais pourquoi faire ?
Un sourire carnassier apparut sur mes lèvres.
- Ce soir, mon gars, on sort !
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