La brume matinale s'élève doucement dans la grande forêt d'Ayanama. Des rayons timides filtrent entre les feuilles épaisses, dessinant des tâches lumineuses au sol. Deux silhouettes avancent à travers les fougères hautes.
Zolan (frappant dans les buissons avec un bâton) :
> "T'as vu ? Je l'ai entendu là, l'antilope ! Elle a tournée vers le grand arbre, j'suis sûr !"
Grand-père (amusé, mais calme) :
> "Tu cours après les échos, petit lion. Elle t'a vu avant que tu ne la voies."
Zolan (fronçant les sourcils) :
> "Mais je veux apprendre à chasser comme toi ! Tu dis toujours que t'écoutes la forêt… mais moi j'entends que des piafs et mes propres pas."
Grand-père (s'arrêtant, fermant les yeux) :
> "Écoute encore. Pas avec tes oreilles… avec ton souffle."
Un silence. Le vent caresse les feuillages. Le vieux tend la main, paume ouverte.
Grand-père (voix posée) :
> "Tu sens cette brise ? C'est la forêt qui te parle. Elle te dit ce qu'elle ressent. Ce qu'elle accepte. Et ce qu'elle rejette."
Zolan (chuchotant) :
> "Mais… comment tu comprends tout ça, papy ?"
Grand-père (souriant doucement) :
> "Parce que j'écoute. Le Nyama n'est pas une force brute… c'est une chanson. Une mélodie ancienne. Il faut apprendre à chanter juste."
Ils s'agenouillent devant des traces fraîches.
Grand-père (montrant les empreintes) :
> "Regarde, là… Tu vois la profondeur ? Elle boitait. Son flanc droit est faible. Elle cherche un abri, pas un combat. Tu veux la tuer ?"
Zolan (secouant la tête, hésitant) :
> "Non…non je veux apprendre a chasser de moi même si tu es toujours la je pourrai pas évoluer"
Grand-père (posant une main sur son épaule) :
> "Ah ah ah ah….Tu es déjà sur le bon chemin."
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Retour au village :
La nuit est tombée. Les étoiles dansent au-dessus du petit village. Un feu crépite au centre. Zolan rit avec sa mère, son père et son petit frère qui tentent maladroitement d'imiter une danse de chasse.
Mère (taquine) :
> "Zolan, tu penses pouvoir attraper une antilope avec ton ventre aussi vide ?"
Zolan (riant) :
> "Demain, c’est elle qui me suppliera de la manger !"
Père (ébouriffant ses cheveux) :
> "Et c’est ton grand-père qui devra l’achever derrière toi, comme d’habitude."
Grand-père lève une main, théâtral.
Grand-père :
> "Eh bien ! Avant que mon petit-fils devienne le cauchemar des antilopes, laissez-moi vous conter l’histoire… du guerrier qui parlait avec les étoiles."
Zolan s’allonge, yeux brillants, écoutant la voix grave de son aïeul. Le calme est doux. Le bonheur est simple.
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Puis… le cri.
Un hurlement. Puis un autre. Des bruits de métal. De la panique.
Père (se levant, alerte) :
> "Restez ici !"
Des torches apparaissent dans la nuit. Des silhouettes en capuches. Leurs armes sont gravées de runes étrangères, brillantes et froides.
“Les Faucheurs d’Aube” entrent dans le village comme une vague noire. Ils ne parlent pas. Ils purifient selon eux.
Zolan est poussé sous un chariot par sa mère, qui court ensuite vers la maison. Il tremble, il entend…
– un coup sourd.
– un cri de son frère.
– le rire d’un homme.
– le râle de son père.
– le silence de sa mère.
Puis… la flèche. Lente. Précise. Elle traverse le cœur de son grand-père, qui s’écroule, les yeux toujours ouverts vers les étoiles.
Zolan (haletant, les dents serrées, sanglotant) :
> "Non… non… NON !"
Son torse vibre. Une lumière noire éclate. Le sol se fissure. Le vent change.
Un souffle lourd. Des pas. Un homme émerge de la nuit, les pieds nus, la peau couverte de cicatrices. Sur son épaule, un sabre si large qu’il en semble irréel.
Ngwarr’Ken (calme, grave) :
> "Encore des fanatiques…"
Il marche droit. Le Nyama explose autour de lui. Les Faucheurs d’Aube l'attaque.
Ils volent. S’écrasent. Se déchirent. Des cris brefs. Puis plus rien.
Zolan, couvert de sang, rampe. Il lève les yeux vers la silhouette imposante. Tout brûle autour de lui.
Zolan (d’une voix éteinte, mais ferme) :
> "Tu les as laissés me tuer... Tu les as regardés massacrer mon monde. Et ensuite tu es venu... trop tard.
Apprends-moi à faire pareil. À regarder… et ensuite à détruire."
Ngwarr’Ken s’accroupit lentement à côté de lui. Il effleure la blessure à sa lèvre, lève un sourcil.
Ngwarr’Ken :
> "T’as une sacrée tête de maudit toi… J’aime bien."
Zolan s’effondre. Dans sa main, il serre un collier d’enfant, brisé, souillé de sang. Il s’éteint dans l’inconscience, le cœur noyé de colère.
Zolan ouvre les yeux dans la pénombre. Son corps est brisé, mais quelque chose de plus profond semble fissuré. Sa voix tremble, rauque, râpeuse comme du fer contre la pierre.
Zolan (voix rauque, étouffée) :
"...Je suis mort ?..."
Ngwarr’Ken (calme, dos tourné, accroupi près d’un feu discret) :
"Trop bruyant pour un mort. Et tu pues la rage. Les morts, eux, puent la paix."
Zolan serre les poings. Il essaie de bouger, mais chaque geste lui arrache une grimace. Il se redresse lentement, les yeux noyés dans les flammes d’un souvenir qui ne s’éteint pas.
Zolan :
"Pourquoi tu m’as sauvé ?..."
Ngwarr’Ken (ricane, toujours sans le regarder) :
"Je t’ai pas sauvé. J’ai ramassé ce qu’il restait. T’étais là, accroché à la vie comme un chien affamé à un os. C’était presque… pathétique."
Zolan (à peine audible, tremblant de rage) :
"T’aurais dû me laisser crever avec les autres..."
Ngwarr’Ken (se lève lentement, se retourne, regard perçant comme une lame) :
"Mais t’as pas crevé. Tu respires. T’as mordu la poussière, t’as hurlé en silence… et t’es revenu avec les crocs. Tu veux qu’on t’apprenne à hurler ? Je peux faire ça."
Zolan (le regard noir, la voix monte) :
"Tu crois que je veux me venger ? Tu crois que c’est juste une histoire de revanche ? C’est pas ça…
Je veux qu’ils sentent ce que j’ai senti quand j’ai vu les cendres de mon village.
Je veux qu’ils portent, chaque jour, le poids que je porte dans mes tripes.
Je veux que leurs nuits soient hantées par les cris qu’ils ont causés…
Je veux qu’ils comprennent ce que c’est que tout perdre. Tout."
Un silence tendu s’installe. Le feu crépite. Zolan respire fort, presque en tremblant, les yeux rouges de douleur, de colère, de haine profonde.
Ngwarr’Ken (sourire en coin, mi-carnassier, mi-lassé) :
"Tu parles comme un guerrier. Mais t’as encore le cœur d’un fils…
Je vais le brûler, ce cœur. Le fondre dans le feu de l’effort et de la douleur.
Et à la fin… si t’es encore debout, peut-être que t’auras les capacités nécessaires pour te venger.
Ou peut-être que tu comprendras qu’éteindre c'est mercenaires ramènera pas les morts."
Zolan baisse la tête. Silence. Sa mâchoire se crispe. Puis, sans relever les yeux :
Zolan (bas, mais tranchant) :
" Montre-moi……montre moi comment on brûle.”
Zolan, encore faible, s’appuie contre la paroi, la respiration irrégulière. Son regard se perd entre les ombres. Ngwarr’Ken est assis en tailleur, immobile, comme une statue de guerre sculptée dans la pierre. Puis…
Un bruissement. Des pas. Une silhouette s’avance dans la lueur du feu. C’est Tréme, calme, droit, portant un lièvre embroché encore fumant. Il ne dit rien au début, laisse son aura s’imposer.
Ngwarr’Ken (ouvre doucement un œil) :
> "Tiens, voilà Tréme. Il rentre juste de la chasse."
Tréme s’avance et dépose la broche contre un rocher chauffé par la cendre.
Tréme (d’un ton mesuré, presque détaché) :
> "Du lièvre sauvage. Trouvé près des falaises. La viande est tendre, l’odeur un peu moins."
Il lance un regard vers Zolan, rapide mais perçant.
Tréme (poliment curieux, mais avec une pointe d’évaluation) :
> "Toi, t’es le nouveau c’est ça ? Moi c'est Trémé"
Zolan ne répond pas tout de suite. Il s’essuie le coin de la bouche, où le sang a séché. Il redresse le menton, les yeux durs comme l’obsidienne.
Zolan :
> "Ouais. Moi c'est Zolan"
Un silence. Ni hostile, ni amical. Juste brut.
Ngwarr’Ken (se redresse, la voix comme un coup de tonnerre étouffé) :
> "Vous avez le même âge. Mais pas le même poids dans ce monde. Apprenez-vous mutuellement… ou restez chacun dans votre coin. Demain, à l’aube, on commence l'entraînement. J’enseigne à ceux qui saignent pour apprendre. Pas à ceux qui bavardent."
Tréme incline légèrement la tête, obéissant mais sans réelle humilité. Il récupère la broche et commence à préparer le feu, méthodique. Zolan l’observe. En silence. Puis...
Zolan (voix grave, contenue) :
> "Tu vis ici depuis longtemps ?"
Tréme (sans le regarder) :
> "Assez pour connaître chaque pierre. Chaque silence. Chaque coup que ce vieux te mettra au ventre. Et toi ? Combien de coup ils te faut pour comprendre qu’ici, y’a pas de place pour les blessés ?"
Zolan (le fixe) :
> "J'ai pas l'intention de rester blessé longtemps."
Le feu crépite. Tremme tourne lentement la broche. Il jette un regard bref à Zolan, cette fois plus direct, plus tranchant.
Treme (calmement, mais froid) :
> "T'as les yeux d'un gars qui a tout perdu. Mais ici, on survit pas avec des fantômes. Juste avec des crocs. Tu comptes faire quoi avec ta colère ? L'écrire sur le mur ?"
Zolan (les mâchoires serrées) :
> "Je vais la transformer. En lame. Et quand elle sera prête… ils sentiront tout ce que j'ai perdu."
Treme (léger sourire, presque moqueur) :
> "C'est mignon. Faudra juste pas que cette lame te tranche les nerfs avant."
Tremme lève légèrement un sourcil. Il s'arrête de tourner la broche. Son regard devient plus acéré. Puis il doucement, presque calmement, mais avec un ton qui claque comme une gifle :
Trême (voix posée, mais coupante) :
> "Tu crois que t'as tout perdu parce que ces mecs étaient trop méchants ? Trop puissants ? Mauvais hasard ? Non, Zolan. T'as tout perdu parce que t'as pas su tout garder. T'étais faible. Et c'est pour ça qu'ils sont morts."
Un silence lourd tombe. Même les flammes semblent se faire plus discrètes. Zolan ne bouge plus. Il fixe Tréme, comme s'il venait de recevoir un coup invisible en plein ventre.
Tréme (le regard dur, mais le ton plus bas, presque personnel) :
> "C'est ça, la vérité. Quand on est faible, on perd. Et tu l'étais. Tu veux te venger ? D'accord. Mais avant de hurler contre le monde… essaie déjà de me tenir tête à moi demain."
Zolan se lève d'un bond, chancelant mais debout. Il fixe Tremme dans les yeux. L'intensité est palpable, les deux jeunes guerriers se jaugent comme deux fauves autour du même territoire.
Ngwarr'Ken (sans augmenter le ton, mais avec une autorité glaciale) :
> "Asseyez-vous. Vous voulez vous battre ? Demain, je vous laisserai. Et on verra qui hurle… et qui se tait."
Ngwarr'Ken (murmure à peine audible) :
> "Hé… il est cruel, ton reflet, hein ? Mais parfois, faut du poison pour réveiller un feu."
Les deux garçons s'exécutent. Le silence revient, mais il est différent maintenant. Charge. La rivalité est née. Pas encore une haine, mais un fil tendu, prêt à vibrer.
Ngwarr'Ken savait que Tréme a dis cela pour ouvrir les yeux de Zolan qui fesai que mettre la faute sur les mercenaires qui ont détruit sont village
une lumière naissante découpe les silhouettes des deux adolescents. Tréme est déjà en position, l'air calme et affûté comme une lame. Zolan, lui, est encore marqué par la veille, mais ses yeux brillent d'une flamme nouvelle.
Ngwarr'Ken (debout sur un rocher, les bras croisés) :
> "Premier jour. Pas de Nyama. Juste vos corps. Combattez."
Sans un mot, Tréme fonce sur Zolan comme une bête entraînée. Il enchaîne les feintes, les crochets, les balayages. Zolan tente de suivre, mais il est constamment en retard d'un mouvement. Il prend un coup au ventre, puis un autre à la tempe. Il tombe.
Ngwarr'Ken (sec, mais pas dur) :
> "Lis-le. Chaque geste qu'il fait, il le fait deux fois : une pour tromper, une pour frapper. Tu vois que ses épaules bougent ? Alors baisse-toi. Tu vois qu'il recule ? Prépare un coup de pied."
Zolan se relève, groggy, serre les poings. Je recommence. Encore dominé. Chaque offensive de Tréme est chirurgicale. Zolan n'arrive qu'à survivre. À peine touche-t-il son adversaire.
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