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Amitié romantique

1. Le quotidien

1. Le quotidien

Jul 27, 2025


Il faut savoir reconnaître la différence entre aimer être seule et la solitude. Or, cela fait déjà longtemps que la limite a été dépassée pour Abigail.

Elle se lève ce matin encore délaissée. Son mari est absent depuis plusieurs mois déjà. Elle décide donc d’occuper sa journée comme toutes les autres : chercher vainement une activité. Le ciel est gris, ce qui n’encourage pas son humeur à être meilleure car cela la privera d’une sortie dans le parc qui aurait pu lui permettre de s’aérer l’esprit et le corps


Alors, comme à son habitude, Abigaïl enfile une tenue sobre, sans chercher à mettre en valeur les formes généreuses que la Nature lui a dotées. Elles sont considérées comme ostentatoires en société et Abigaïl en a honte. Elle ne met donc qu’une tenue marronne, assortie avec ses cheveux lisses, longs et tressés. Sa robe aplatit le plus possible sa poitrine et tombe droit sur ses hanches larges. Ses chaussons se glissent aisément autour de ses petits pieds. Elle ne met ni de parures ni de bijoux, la coquetterie ne lui ressemble pas. Elle arbore uniquement son alliance. Sa tenue est prête, elle remet la chaufferette dans la cheminée et sort de sa chambre de maîtresse de maison, laissant place à Miss Hill pour y faire son travail.


Elle chantonne en ouvrant la porte, une habitude prise à vivre seule pour occuper le vide, et remarque l’absence de Bernard. C’est le chien de chasse de Lawrence, pour autant, il fait plus office de chien de salon que de véritable animal de course, en partie dû aux absences nombreuses et longues de Lawrence mais aussi dû au caractère de l’épagneul.

Abigaïl descend au petit salon, où la gouvernante, Mary Hill, a déjà disposé des scones accompagnés d’un thé noir. Des sucres sont présentés dans la sucrière, à côté de la tasse, même si Abigaïl tout comme Mary savent qu’elle n’en prendra pas. Elle préfère son thé très infusé et amer. C’est une des rares exigences qu’Abigaïl a sur sa matinée : un thé noir sans sucre. Les scones sont une fantaisie qui ne suffit malheureusement pas à égayer l’humeur de la jeune femme.


Miss Hill entre dans le salon et s’enquiert de la nuit de sa maîtresse. Mary est gouvernante dans la famille de Lawrence depuis des années, Abigail n’a donc pas eu le choix sur qui assurait l’intendance de la maison mais cela ne l’a pas dérangé puisqu’elle a constaté que Mary est plus que qualifiée. C’est une femme loyale, discrète, qui n’ira pas commenter sur la vie d’Abigail à toutes les oreilles. Elle peut donc trouver en Mary une confidente qui accompagne ses longues journées de solitude.

  • Est-ce que le thé est à votre goût, ce matin, Madame ?

  • Parfaitement, comme toujours, Mary. Y aurait-il quelque chose que vous souhaiteriez me confier ?

  • Rien d’inhabituel, je voulais simplement vous en assurer.

Abigail n’avait pas osé espérer une autre réponse.

  • Bien, Mary, vous pouvez disposer.


Comme tous les matins, Abigail parcourt des doigts le cuir des livres épars du petit salon. Elle les amène par liasse depuis la bibliothèque et les laisse ainsi. Elle les a déjà lus, et ne cherche pas à les relire, elle les dispose ici uniquement parce que les voir lui donne l’illusion d’avoir des projets de lecture.

Abigail avait l’habitude de lire des romans, principalement des romans d’amour. Les livres lui permettaient de vivre ce que la vie n’avait pas pu lui offrir : une romance. En effet, depuis jeune fille déjà, elle rêvait d’amour et naïvement, avait écouté ses parents quand ils lui avaient promis que l’amour viendrait après son mariage. Cela fait maintenant deux ans qu’elle n’attend plus, elle a déjà abandonné l’idée que cela puisse se produire. Lawrence est un homme bon, néanmoins c’est à peine un ami, encore moins un amant. De plus, malgré les deux années qu’ils ont vécu dans leur mariage, tout au mieux, cela serait plutôt six mois qu’ils ont passés en compagnie l’un de l’autre. Alors, maintenant, elle se contente donc de ces romans qui lui plaisent tant, qui lui promettent monts et merveilles, et qui ont le mérite de faire chavirer son doux cœur avec de belles histoires fantasques.


Elle prend le plateau d’argent de scones et de thé pour l’apporter à la roseraie. Le parfum des roses a le don de la détendre, seulement les rosiers ne sont encore qu’en boutons. Elle reste pourtant parmi ces fleurs à venir une bonne partie de la matinée sans avoir réellement de tâches à réaliser. Le jeune jardinier entretient ces roses à la perfection, contrairement à sa demande, puisqu’elle aime s’en occuper d’elle-même. Elle n’ose pourtant pas lui répéter, de peur de créer un malaise chez le jeune garçon. Alors, elle se contente de vérifier l’arrosage, la qualité des feuilles et l’avancée de la poussée des futurs boutons de roses. Là, est un de ses rares plaisirs.

Un autre de ses plaisirs est de chevaucher sur la plaine.

Abigail se dirige dans le parc malgré le mauvais temps, accompagné du chien Bernard. Ses pas l'orientent malgré elle vers l’écurie où elle se trouve parfois pour caresser Onyx, son cheval couleur jais. Le garçon d’écurie ne lui demandera pas si il devrait l’atteler, il sait ce qu’il en ait. Abigail essaye de ne pas sembler triste pour ne pas transmettre son humeur à l’animal, mais la privation de son mari de chevaucher lui prend à la gorge.

Finalement, elle se contente de regarder l’horizon en se rappelant que le temps maussade l’aurait probablement convaincue de ne pas sortir Onyx de toute façon. Son cheval n’est pas sorti depuis des mois avec elle, seul l’écuyer se contente de le faire sortir chaque jour un peu pour être sûr que la monotonie n’atteigne pas le moral du coursier.
Penser à cela ne peut empêcher Abigail de réaliser qu’il n’y a personne pour s’occuper de sa monotonie à elle, qui se charge piètrement de la tache.

Au déjeuner, Abigaïl est toujours accompagnée de Bernard, curieux des restes que lui apportera le repas de ce jour. Aujourd’hui, le poisson n’offrira que peu d’intérêt au canidé, mais il suffit à la jeune femme et l’on conviendra que c’est le principal. Elle est aussi rejointe par le majordome, qui lui apporte une cxdfvgbhnjlettre, au grand étonnement de la maisonnée. Pour autant, la maîtresse de maison, seule, se doute déjà de l’expéditrice, et le cachet de la lettre le lui confirme. C’est une invitation de sa grande amie Louise, pour son plus grand plaisir. 

Elle connaît Louise depuis son mariage, car son mari est l’ami d’enfance de Lawrence, son époux. Elle est très chaleureuse et ne prend pas mouche des longs silences que sont les rares apports de Abigaïl dans une conversation. Sa timidité maladive est un fort contraste avec l’amabilité de Louise, pourtant c’est ainsi que la paire s’est trouvée et qu’elle tient une relation forte ponctuée d’échanges épistolaires et de sorties.

Dans l’enveloppe, Abigaïl trouve une invitation pour une soirée organisée dans la semaine, pour fêter les cinq ans de mariage de Louise et Hugh. Déjà, cinq ans qu’ils ont passé dans la compagnie l’un de l’autre ! C’est une très belle chose, pense la jeune femme.

Comme convenu par le passé, Louise n’étend pas l’invitation à Lawrence, elle sait qu’il ne pourra pas venir et à la politesse de ne pas imposer un refus à Abigaïl. L’invitation est pour elle uniquement, car Louise est prévenante et lui promet de la compagnie durant la soirée. Cette dernière intention, elle aurait pu lui épargner, Louise sait que Abigaïl préfère limiter la compagnie aux plus proches, cependant elle sous-entend dans la missive que la compagnie sera en partie faite d’inconnus. Cela donne presque envie à Abigaïl de ne pas accepter l’invitation, mais l’idée de froisser sa chère amie l’en empêche.

Le dessert n’est pas pris, cela lui a coupé l’appétit.


L’appréhension de la fête occupera tout l’après-midi d’Abigaïl.

Pas même la lecture de son roman préféré, ou la reprise d’une sonate au piano ne lui ont permis de penser à autre chose. Il va falloir choisir une tenue certes, sortir de la maison évidemment, cependant il va falloir rencontrer de nouvelles personnes ou saluer de simples connaissances en les assommant des mêmes politesses qu’il faudra répéter aux autres convives de la soirée. Avoir l’air ridicule à la première question posée, car elle ne saura pas répondre convenablement : soit sa voix lui fera défaut, soit son esprit, en tout cas, l’un ou l’autre l’abandonnera lâchement à la seconde ou elle aura besoin des deux.

Malgré ces réflexions, elle n’hésite pas à répondre positivement à la lettre de son amie, l’occasion de fêter des années d’un mariage aussi romantique que celui de Louise et Hugh ne se renouvelle pas si souvent et puis, cela fera une animation dans ses journées si semblables. Elle est mariée et adulte maintenant, elle ne peut plus se cacher derrière son jeune âge de 26 ans pour esquiver ces réjouissances : car oui, il doit s’agir de réjouissances puisqu’autant de personnes y participent ?


Le dîner se déroule de la même manière que le déjeuner, qui se déroulent de manière semblable chaque jour. La nourriture en est fade, malgré les efforts de la cuisinière pour varier les plaisirs et les goûts. Bernard, lui, se réjouira des restes.


Après le dîner, Abigail se permet une fantaisie qu’elle ne s’autorise que rarement : une balade nocturne sous les peupliers du parc. Le soleil n’est pas encore couché, l’ambiance du temps est pile dans cette demi-mesure que Abigail apprécie tant. Semi-électrique, semi-calme, elle ressent chaque mouvement du vent sur son visage et profite de chaque instant de ce calme qui précède la tempête annoncée par le temps gris de la journée. Elle avance calmement, ses pieds ressentent la connexion à la terre à travers ses fins chaussons et ses mains caressent l’air qui lui passe entre les doigts. Elle ressent un frisson avec le froid qui traverse ses vêtements, un frisson de plaisir. Elle se sent finalement maîtresse de cet instant qu’elle a pleinement choisi. Elle met de côté son quotidien pour complètement saisir l’instant et l’apprécier.

Elle sort du chemin des peupliers pour se diriger vers l’étang. Elle observe paisiblement les nénuphars et les roseaux qui l’entourent. Le petit quai lui permet de se tenir au-dessus de l’eau et de regarder les poissons presque indistincts dans l’obscurité qui s’installe. Elle observe de premières gouttes de pluie ricocher sur la surface de l’eau. La pluie chasse Abigaïl et la pousse à rentrer chez elle.


Elle retourne se coucher seule dans sa chambre, avec pour unique source de chaleur la chaufferette. Devant la cheminée, Bernard dort déjà profondément dans son panier. Abigaïl ne se promet pas un sommeil aussi réparateur.


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cmjroger
Joe Béguin

Creator

Merci d'avoir lu le premier chapitre d'Amitié romantique !
Je suis auteur.e débutant.e donc n'hésitez pas à me mettre vos retours en commentaires pour que je puisse améliorer mon travail !

#romance #gl #regency #historicalfiction #lgbtq #LGBTQIA

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AWild
AWild

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Le français n'est pas ma langue maternelle, mais j'ai adoré ce chapitre.

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