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[Avertissements : Mort, Drame. Si vous n'avez pas le moral épargnez vous la lecture ;)]
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Le bleu intense de ces yeux vint envahir son champ de vision et le temps s’arrêta. Elle se mit à fixer ces iris à la froideur ardente qu’elle n’avait cessé d’observer au cours de ces derniers mois.
Depuis son miroir, dans l’isolement de sa tour, elle avait suivi le parcours de ces yeux, qui à cet instant, la fusillait d’une haine non dissimulée.
Elle les avait vu tantôt briller, tantôt s’embraser et souvent se noyer dans d’infinis torrents de larmes.
Elle les avait dédaignés au commencement, les avait respectés ensuite pour les craindre autant que les aimer à présent.
Elle savait ses états d’âmes ridicules, elle savait que ce moment allait arriver et que ses espoirs ineffables n’auraient jamais pu être satisfaits.
Pourtant, une fois ses yeux plongés dans les siens, elle sentie son esprit et sa détermination sombrer.
Depuis quand était-elle devenue aussi sensible qu’un simple regard suffise à faire fondre la glace dont son être s’était enveloppé.
Était-ce depuis qu’elle avait croisé ces yeux au départ de leur périple ?
Était-ce avant quand elle avait appris qu’ils avaient été élus pour la défaire ?
Où était-ce plus tard ?
Quand leur premier compagnon d’arme les quitta ?
Quand ils remportèrent leurs premiers honneurs ?
Quand un second compagnon les abandonnèrent ?
Quand ils connurent des moments de joies intenses ?
Ou quand ils plongèrent dans un abime de désolation quand ils se retrouvèrent seuls pour mener à bien leur douloureux périple.
Elle les avait suivis à travers la vitre froide de son immense miroir, seule, et pourtant.
Elle connaissait l’histoire de ses yeux comme si elle l’avait vécue. Elle savait chaque détail de leur parcours, chaque sentiment qui les avaient traversés, chaque épreuve qui les avaient altérés.
C’était à chacun de ces instants qu’elle avait laissé progressivement sa garde faiblir pour la voir réduite à néant en ce moment fatidique où elle devait pourtant les affronter.
Elle les craignait trop pour les laisser en vie mais les aimait trop pour se résoudre à les fermer.
Seulement, elle savait qu’eux n’hésiteraient pas autant qu’elle et déjà leur détentrice finissait d’avancer vers elle.
Bientôt, sans avoir échangé autre chose qu’un regard, elles débuteraient leur affrontement final.
Aveuglé par la haine, ces yeux ne verraient pas la souffrance dans les siens.
Autant qu’ils ne verraient pas l’ardeur de ses sentiments pourtant si peu dissimulés.
Alors que les yeux azurés commencèrent à se durcir davantage, préparant leur assaut imminent, elle ferma sereinement les siens.
Pour ne pas voir ces yeux quand elle décida d’offrir à son corps l’étreinte funeste de sa propre magie.
Dans l’immense salle enveloppée de silence, l’affrontement sembla ne jamais avoir débuté, alors qu’il venait de prendre fin après une lente et lancinante lutte.
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