16 juin — ?? h ??

Jano est dans une pièce sombre. Ça semble être un endroit peu sécuritaire, à peine barricadé. Les murs semblent sur le point de s’effondrer. Il n’y a pas de fenêtre, pas d’objets autres que la chaise.

Des graffitis sont plaqués partout sur les murs. C’est sale.

Jano semble engourdi. Son esprit n’est pas là. Il entend des voix, un ton distant, un écho qui éblouit la prononciation. Jano ne comprend pas ce qui se dit.

Il est attaché par une corde barré à plusieurs places sur la chaise; son haut de corps, ses talons, et ses deux poignets.

Il est trop étourdi pour sentir à quel point son corps est inconfortable.

Il fait trop sombre.

Soudainement, la porte de sa pièce s’ouvre.

La lumière extérieure, intense, trop intense, passe à travers la porte et illumine toute la pièce. Jano est réveillé par cet amas de chaleur, qui éblouit.

« Tu devrais entendre mieux les voix maintenant… Jano », sort une voix, superposée sur toutes les autres voix. Elle semble se forcer dans le subconscient du jeune homme. “...Peut-être que s’en ai trop ».

Jano ressent une migraine s’intensifier plus la voix gesticule dans son crâne. Il grimace de douleur.

« Eh bien, Jano… Que penses-tu du soleil ? »

Jano est perplexé par la question, mais quand il veut parler, aucun son ne sort de sa bouche. Il est pris par mégarde et l'effroi commence à rentrer, lorsqu’il se rend compte que la voix va continuer de lui causer des maux de tête intenses.

« Je peux te donner une réponse que je sais que tu vas aimer. Ton père disait souvent cette phrase culte. Un politicien d’antan disait ça, un monsieur Fatch. »

Jano, en plus des migraines, est attaqué d’une terreur soudaine à la mention de son père. Il se met à se débattre de la chaise, mais ses forces sont détruites par l’impossible migraine qu'il ressent. Il sent que son cerveau va exploser.

« Il dit : “Le soleil est, pour le peuple de ce brave pays, un signe de progrès. Nous les atmosciens, avons connu des années de souffrances. Des décennies de tyrannie sont descendues sur nous des pays avoisinants.” »

Les murs autour de Jano commencent à bouillir de chaleur. Des ondulations commencent à apparaitre dans l’air. La chaleur intense et les migraines sont un combo intense. La voix continue sa citation forcée du Fatch.

« “Mais, nous avons persévéré, grâce à un gouvernement solide, un institut de science, d’éducations, de projets d’immigrations, de médecine et d’économie. Nous avons la chance d’élire un Premier ministre dans cette nation riche en culture, riche en fondations et riche en puissance.” »

Le corps au complet de Jano est en plein délire. Il a l’impression qu’il est en train de cuire tellement le plancher est brûlant. On se croirait dans un four naturel. 

Il veut ouvrir sa bouche et exprimer de la détresse, mais il n’y arrive pas. Jano veut trouver n’importe quelle excuse qui pourrait expliquer ce manque de parole, peut-être que la sècheresse et la chaleur évaporent toute l’eau et crispe tout l’air qui pourrait lui servir.

« “C’est ainsi que notre gouvernement a survécu aux grandes guerres de clan qui ont transformé notre planète en un champ de bataille horrible.”… Il dit autre chose, ce Fatch, à quel point Atmos doit continuer de prospérer et “voter pour moi” et temps mieux pour lui. Bien que tout ce charabia patriotique est intrigant, j’ai maintenant une question pour toi Jano », exprime la voix intense.

Les yeux de Jano commencent à saigner.

Son cerveau ne fonctionne plus. Il ne peut pas crier sa douleur. Jano est muet de force.

Les murs et le toit de la pièce s’écroulent petit à petit. Il est évident que cette pièce solitaire se trouve dans un désert. 

Jano croit qu’il va mourir.

« Penses-tu sérieusement que vous, atmosciens, soyez sorti de la merde, ou il s’agit d’un autre politicien que ton père aimait vraiment trop ? »

Le soleil dévisage le jeune homme, un point rouge au centre, alors que tout son corps s’écroule.

* * * * *

Vendredi 24 mai — 4 h 45

Jano se réveille en sursaut, frappant l’air autour de lui tel un enfant hyperactif déçu de ne pas avoir eu le jouet qu’il voulait.

« Va te faire enculer ! », crie Jano, impuissant.

Il respire à une cadence agitée. Jano est secoué par ce rêve terrifiant. Cela ne fait pas si longtemps qu’il commence à avoir ces cauchemars presque mystiques, à peine un mois après que Clark se soit installé. Maintenant, ça réapparaît quand ça lui chante, chaque semaine. 

Cette voix lui dit toujours quelque chose de différent sur la politique, sur des sujets sérieux et des situations intenses que Jano aimerait éviter comme la peste.

Il fallait ramener son père cette fois-ci. Un piège à rats.

S’il avait déjà l’impression que Clark lui apporte des terreurs nocturnes, son pressentiment de malchance colocataire-esque ne fait qu’augmenter.

Sur le coup, Jano regarde sa chambre, curieux. Tous ses meubles sont intacts. 

Sa collection de figurines de plusieurs superhéros différents est impeccable. Il se lève et regarde dans son garde-robe. Son robot de 3 pieds et 5 pouces est toujours intact, sur son petit trône que Jano à payer costum il y a déjà 2 ans de cela. Cette fortune d’échappatoire est massive, mais reléguée à sa pauvre chambre.

Jano décide d’ouvrir les lumières de sa chambre. On peut voir qu’il n’a pas modifié les couleurs rose et vert fuchsia sur les murs (trop paresseux pour peinturer), sans parler des meubles vieillots qui n’ont rien à voir stylistiquement avec les figurines qu’il vient tout juste de se procurer. La seule chose de moderne est son kit d’ordinateur pour le travail ainsi qu’une télévision de 28 pouces attachée au mur en face de son lit.

Le roux commence à faire des redressements assis dans toute cette panoplie d’objets, un sourire forcé sur ses lèvres.

« Allez, si on ne commence pas la journée tout de suite on va se sentir comme un déchet. Allez Jano hop ! », s’exclame-t-il en guise de motivation, alors qu’il continue son exercice du matin.