- Très bien, arrêtons-nous là pour le moment ! Je dois m’absenter une heure ou deux, nous reprenons à notre retour et je ne veux aucune protestation !
Les enfants, exténués par la leçon qu’on venait de leur donner, répondirent par de faibles « oui ». Le professeur d’armes leva les yeux au ciel, exaspéré par les larves qui lui servaient d’élèves. Il avait beau leur enseigner la discipline, ces adolescents étaient tellement dissipés qu’il avait l’impression que ses paroles entraient par une oreille pour ensuite se carapater par l’autre. Sans rien jouter, il se saisit de son manteau et s’en drapa avant de quitter la salle de classe de son pas nerveux.
Dès qu’il fut hors de leur vue, les enfants abandonnèrent leurs affaires et bondirent dehors pour profiter de la brise légère qui s’élevait de la mer. Ils s’étirèrent longuement, un grand sourire aux lèvres. Dans le lointain, la silhouette carrée disparaissait progressivement parmi les entrelacs des collines qui menaient au village. Depuis qu’il avait reçu cette mystérieuse missive, leur professeur avait une attitude étrange. Intrigués, les enfants avaient fini par la lui voler afin d’en découvrir le contenu. Ils avaient été déçus par leur larcin car le pli était des plus laconiques. Retrouve-moi au lac ce lundi. C’était tout, pas de signature, rien.
Un rire attira soudain leur attention. Il provenait d’un homme tout de blanc vêtu qui couvait les enfants d’un regard tendre.
- Que vois-je ? Les élèves fuiraient-ils leur devoir dès que leur professeur chemine loin de leurs orbes vifs ?
- Oh, le conteur ! s’exclama un garçonnet.
L’intéressé, qui répondait au délicat nom d’Allen, les salua d’une élégante révérence. Les élèves, ravis de son apparition qui présageait toujours des récits pleins de rebondissements, se regroupèrent autour de lui.
- Dis, dis, tu ne nous raconterais pas une histoire ? réclama une petite fille.
- Oh, voudriez-vous que j’enchante vos oreilles de quelques mots ? s’amusa l’homme en lui effleurant les cheveux avec le moignon qui lui tenait lieu de main gauche.
- Oui, oui, s’il te plaît !
Le conteur rit légèrement. De gestes doux, il invita les jeunes élèves à s’installer autour de lui.
- Alors, prenez place, mes petits amis.
Tous s’empressèrent de s’installer dans l’herbe, impatients de découvrir ce que les mots enchanteurs du célèbre conteur de Honeda allaient leur révéler aujourd’hui.
- Que vas-tu nous raconter ? pépia le groupe de visages joyeux.
- Hum, j’ai bien une petite idée. Soyez attentifs, les enfants. L’histoire que je vais vous offrir est celle d’un grand guerrier qui se retrouve un jour, malgré lui, au service d’une magnifique princesse…
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