Pour commencer, les sujets abordés dans SÖREN peuvent heurter la sensibilité de certains lecteurs. Je tiens donc à prévenir que ce livre traite les thèmes suivants : Guerre, syndrome post-traumatique, addiction, violences conjugales, suicide, automutilation. Cela étant dit, il est important de connaitre l’univers et son contexte historique avant de poursuivre la lecture.
Bonne lecture.
CONTEXTE HISTORIQUE, UNIVERS et GÉOPOLITIQUE.
L’histoire se déroule sur une planète que l’on pourrait apparenter à la nôtre ; l’Enterr. On y trouve deux continents : l’Asté et la Visto. L’un est un berceau de technologie très urbanisé en constante expansion ; l’autre est un territoire plus primitif, orienté sur les sciences et le langage de la nature. L’humanité, sur l’Enterr, se divise en deux races distinctes : les Svanns et les Kreels.
- LES CONTINENTS -
L’Asté est un continent aussi fertile qu’hétéroclite. Prospère et calme, il est considéré comme l’Eden de la connaissance et de la réussite. En son sein se trouve la tentaculaire Esser, berceau de haute technologie. Cette mégapole est le résultat de fusions effectuées au fil des siècles avec les métropoles environnantes. Autour d’elle gravitent des centaines d’autres villes qui, en dehors de sa superficie, n’ont rien à lui envier.
• Superficie : 11 584 556 km²
• Population : 500 102 003 hab.
• Gentilé : Astéen(-ne)
• Capitale : Esser
• 7898 km²
• 45 236 787 hab.
• Race majoritaire : Svann
• Forme de l’État : République constitutionnelle, présidentielle, unitaire.
La Visto est un continent hostile et difficile à cultiver. Seule la moitié nord du territoire est habitée. Aride, sans relief ni végétation, elle est parsemée de petites villes et de villages. C’est aussi dans ses terres sèches que se trouve l’obelyr, métal très convoité par les Astéens. Quant à la capitale, Klarih, elle s’est formée sur les parois d’un large canyon dans lequel se trouve une oasis. La moitié sud est recouverte d’une dense forêt millénaire. Trop dangereuse pour être explorée, on la dit habitée par des peuples indigènes (que je ne développerai pas ici). Le roi de la Visto, à défaut d’y régner, se donne comme devoir de la protéger.
• Superficie : 17 733 078 km²
• Population : 100 933 108 hab. (avant-guerre), 2 566 878 hab. (après-guerre)
• Gentilé : Vistoli(-e)
• Capitale : Klarih
• 1758 km²
• 8 655 874 hab. (avant-guerre), 445 873 (après-guerre)
• Race majoritaire : Kreel
• Forme de l’État : Monarchie élective, constitutionnelle, unitaire.
- LES RACES -
I - Svann, homme Svann, Humain Svann
• Famille : Hominidae
• Genre : Homo
• Nom binominal : Homo Eyvee
Les Svanns sont des êtres naturellement disposés à la logique mathématique. Très vifs d’esprit, ils sont constamment en quête d’évolution. Ils n’en restent pas moins robustes, et possèdent un métabolisme réactif.
• Pas de carnation prédominante.
• Métabolisme rapide.
• Taille : entre 170cm et 195cm.
• Espérance de vie : entre 110 ans et 150 ans.
II - Kreel, homme Kreel, Humain Kreel
• Famille : Hominidae
• Genre : Homo
• Nom binominal : Homo Killhy
Les Kreels sont des êtres aux capacités extrasensorielles. Ils peuvent prédire les catastrophes naturelles, communiquer avec les animaux et sentir les maladies (chez les humains, les animaux et les plantes). Ils doivent ceci au vibrium.
• Appendice osseux situé sur le front (vibrium).
• Carnation prédominante : foncée, noire.
• Yeux : majoritairement jaunes, dorés ; verts chez les sylvestres.
• Espérance de vie : entre 75 ans et 100 ans
Les termes Kreel et Svann sont des appellations d’origine vistolie. Ils ont été adoptés par les commissions scientifiques afin de différencier les deux races humaines sans en privilégier une au détriment de l’autre. Leur étymologie est respectivement : “L’oreille de mère Nature” (Kreel) et “La main du Savoir” (Svann). Dans le cas d’un métissage, les atouts purement kreels, tels que le vibrium, disparaissent dans 90% des cas. Ils peuvent cependant se voir attribués à la génération suivante, si les deux parties possèdent des origines kreels dominantes. Dans certains cas rares, un Kreel de race pure peut naître sans vibrium, auquel cas ses capacités extrasensorielles disparaissent. Cette malformation n’est pas héréditaire.
I - LA RENCONTRE
-984 av. U. à -43 av. U.
En l’an -984 avant Unification, les Kreels et les Svanns se rencontrent pour la première fois lors d’une campagne d’exploration des territoires entreprise par les Astéens. D’un commun accord, les deux peuples s’évitent et maintiennent un semblant de paix pendant quelques siècles.
Vers -612 av. U., les Svanns découvrent l’obelyr, un métal inexistant en Asté, lors d’une fouille clandestine sur le continent vistoli. Très vite, ils concluent que cet élément est la clé menant à la prochaine étape de leur ascension technologique. Cependant, les Kreels refusent de voir des Astéens sur leurs terres, et n’hésitent pas à défendre physiquement leurs ressources. Cela n’empêche pas les Svanns de traverser illégalement les frontières afin de piller les mines que les Kreels exploitent. Parallèlement, fascinés par les capacités extrasensorielles des Kreels, les Astéens se livrent secrètement à des expériences sur les prisonniers faits lors des expéditions.
Il faut plusieurs siècles de conflits, d’innombrables batailles, deux guerres notables (la Guerre Rouge en -520 av. U. et la Guerre de Klarihzi en -298 av. U.) puis l’ombre d’une potentielle extermination totale pour que les deux peuples se décident à trouver un terrain d’entente. Les négociations géopolitiques débutent en -43 av. U.
II - L’UNIFICATION
An 1 à 252
L’an 1 du nouveau calendrier enterrois marque le début de l’Unification officielle entre l’Asté et la Visto.
Svanns et Kreels sont à présent autorisés à voyager librement entre les deux continents et à établir des commerces. La mise en place d’une devise mondiale, le stell, prend forme en l’an 26. L’expatriation est légalisée en l’an 89, et il faut attendre l’an 95 pour que les langues astéennes et vistolies deviennent obligatoires pour tous les enterrois. Les Astéens commencent l’importation d’obelyr en l’an 101, et l’Asté connaît un bond technologique sans précédent en l’an 103.
Cependant, malgré toutes ces réformes pour faciliter l’intégration des Kreels en Asté, la ségrégation les oblige à rester en Visto. Leur mode de vie étant encore très précaire, ils sont considérés comme des sauvages arriérés. Les Kreels mariés à des Astéens décidant de rester sur place subissent violences et abus. Le métissage est très mal vu jusqu’en 168, où il est décrété sans danger (conclusions tirées suite à de nombreuses expériences d’hybridations classées secrètes). Mais les enfants hybrides, bien que dépourvus de vibrium (donc non-identifiables), sont cibles de discriminations, par principe.
Les Svanns installés en Visto du nord sont d’abord très mal perçus. La plupart d’entre eux fait partie des compagnies minières sous-payant la main d’œuvre vistolie pour l’extraction d’obelyr. Il faut du temps aux Kreels pour ne plus considérer tous les Svanns comme de cruels envahisseurs. Les sociologues décrètent l’an 252 comme étant le point de départ de l’équilibre géopolitique de l’Enterr. L’Unification est totale. Les jeunes générations du troisième siècle n’imaginent pas un monde sans la possibilité de voyager entre les deux continents. Le métissage est démocratisé. La discrimination se fait rare. Une ère de paix semble commencer.
Parallèlement, les industries de hautes technologies sont de plus en plus gourmandes en obelyr. Les secteurs informatique, automobile, médical, scientifique et militaire en ont besoin pour absolument tous leurs appareils. En Visto, l’extraction se fait de plus en plus intensément et de plus en plus profondément.
III - LE DRAME D’EDENROHAL
An 274
À quelques centaines de kilomètres de la capitale vistolie, Klarih, se trouve le plus gros gisement d’obelyr connu du continent : Edenrohal. En plus d’être le plus important, il est aussi le plus profond. Creusé de centaines de galeries s’enfonçant toujours plus profondément dans la terre, Edenrohal est un véritable labyrinthe en constante activité. C’est en ces lieux qu’en 274 survient un événement qui entraîne le début d’une longue période d’horreur.
La journée du 7 janvier 274, les mineurs rencontrent une résistance dans le tunnel le plus profond de la mine. Joel Denn, mineur svann, raconte :
« Nous étions dans ce long couloir sombre. Il faisait chaud, je n’arrêtais pas de me plaindre. Ça faisait rire Jikkoya, un mineur kreel que je dépassais de deux bonnes têtes. Je l’aimais bien, c’était le rigolo du groupe, toujours plein d’entrain et fin cuisinier. Il me demandait souvent ce qu’un Svann fabriquait dans les mines d’Edenrohal. Je lui répondais que je ne savais pas, et ça lui suffisait.
« Il était midi quand nous sommes tombés sur cet étrange rocher noir. Le tunnel devait bien faire trois mètres de haut, le rocher en faisait tout autant, si ce n’est plus. Il luisait et, malgré la chaleur environnante, il était glacé. Le plus étrange dans tout ça, c’est qu’en frappant dessus, je me suis rendu compte qu’il était creux. On est tous restés là, à le regarder. On ne savait pas quoi faire, mais la plupart des Kreels semblaient se pisser dessus. Certains ont quitté le tunnel en dissuadant les autres de s’en approcher. Jikkoya aussi flippait. Il m’a imploré de partir, ça ne lui ressemblait pas. Mais, vous savez, les Kreels ont ce truc. Ils sentent les choses. Si les mineurs sont si peu nombreux à mourir, c’est parce qu’ils prévoient les éboulements. Donc, si un Kreel vous dit que ça sent pas bon, ne vous posez pas de question, croyez-le. Et en l’occurrence, là, c’était la merde. »
Ce que viennent de découvrir Joel Denn et son équipe n’est pas un rocher, mais ce que l’on appelle aujourd’hui un œuf. Suite à cette découverte, et malgré les protestations des Kreels, la compagnie minière décide de le faire dynamiter le 9 janvier 274. Il faut deux charges pour briser la coquille de l’œuf. Eddy Ballian, chef de chantier svann, dans son journal de bord, raconte :
« Les mineurs kreels fuyaient. Même le dernier des demeurés savait qu’un truc clochait, pourtant on a insisté. Quelle erreur ! La première charge l’avait à peine abîmé, nous aurions dû en rester là et juste l’enfouir de nouveau. Mais au lieu de ça, nous avons fait mettre une deuxième charge, plus conséquente, et il s’est fissuré. Je n’ai pas le vibrium, mais à ce moment-là, j’ai senti un truc. Une sorte de fourmillement partout dans mon corps. Le temps semblait s’être arrêté, plus personne ne bougeait. Je crois que nous avions tous compris l’énorme connerie que nous venions de faire. Il n’y avait aucun bruit, nous avions cessé de respirer. Le rocher a commencé à bouger, à se creuser, comme s’il tentait de prendre une bouffée d’air. Il faisait un son abominable, presque organique. Honnêtement, je ne sais pas combien de temps ça a duré. Puis il a explosé. Nous avons tous été projetés en arrière ; une sorte d’essaim de poussières noires en est sorti à toute vitesse, s’engouffrant dans les tunnels d’Edenrohal, émettant un son strident, proche d’un cri. Cet horrible son m’a transpercé la tête, tout comme les hurlements des mineurs. Et je me suis évanoui. »
L’essaim que décrit Eddy Ballian est en fait un organisme parasite. Il s’engouffre dans les tunnels d’Edenrohal et contamine les mineurs présents. Les personnes touchées sont prises de convulsions, tombent, hurlent, implorent au parasite de sortir de leur tête et finissent par sombrer après plusieurs minutes d’agonie. Les autorités militaires sont envoyées sur place quand le calme revient à Edenrohal, douze heures plus tard. Des milliers de corps inanimés sont ramassés et sortis des tunnels. Elvoon Tolem, médecin militaire kreel, raconte :
« On nous faisait porter un masque à gaz, mais ça ne nous rassurait pas vraiment. Il y avait des corps partout, absolument partout. Je pouvais à peine circuler entre eux. Il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte que les victimes étaient essentiellement kreels. Ce spectacle me hante encore aujourd’hui. Mais le plus effroyable dans tout ça reste que tous ces corps alignés les uns à côté des autres, à même le sol, n’étaient pas des cadavres... La poitrine de tous ces Kreels désarticulés continuait à s’élever lentement. Leur cœur n’avait pas cessé de battre et leurs yeux, ouverts, étaient noir de jais... Je ne savais pas quoi faire. Personne ne le savait. »
L’absence de cadavre à autopsier est un problème, mais des centaines de prélèvements sanguins sont effectués. Les militaires et autres éléments kreels, présents en renfort, sont éloignés par mesure de précaution et Edenrohal est mis en quarantaine. Le lendemain, quelques-unes des victimes se réveillent. D’abord léthargiques, elles restent debout, au milieu des autres Kreels encore inconscients. Les médecins militaires présents tentent de communiquer avec elles, de les faire réagir ou bouger, mais elles restent immobiles. Deborah McKelly, médecin svann, raconte :
« Le Kreel que j’examinais se tenait debout, le dos voûté, les jambes en légère flexion et les yeux grands ouverts. Il respirait lentement, trop lentement. Rien n’indiquait qu’il m’entendait ou me voyait. Je remplissais le rapport quand l’un de mes collègues s’est approché de lui pour prendre ses constantes. Un hurlement m’a fait lever la tête. Mon collègue était à terre, tremblant de peur, le Kreel lui avait sauté dessus et le maintenait au sol. Il le fixait de ses yeux noirs, un effroyable sourire collé au visage. J’étais sous le choc, je ne comprenais rien à ce qu’il se passait. Autour de nous, les soldats lui sommaient de le relâcher. Ils braquaient cette chose, toujours penchée sur mon collègue. Elle avait ramassé une pierre de la taille d’une orange et semblait vouloir s’en servir. Un soldat m’a saisie pour m’éloigner du danger, mais je ne pouvais ni bouger, ni détacher mes yeux de la scène. Le Kreel a levé la tête et nous a regardés. Son souffle s’est accéléré et, après une dernière inspiration, il s’est mis à hurler de rage, avant d’abattre la pierre sur le visage de mon collègue. Son crâne est parti en miettes et les soldats ont tiré. Quand le corps criblé de balles est retombé, tous les autres Kreels réveillés se sont aussi mis à hurler. J’ai pris peur. J’ai fui. »
Suite à cet événement, la totalité des victimes se réveille et commence à tuer toutes les personnes non-contaminées. Le manque d’effectifs ne permet pas aux militaires de les retenir, si bien que des milliers de contaminés sortent de la zone de quarantaine pour s’éparpiller sur le continent vistoli. Le 10 janvier 274 marque le début d’une longue période de crise.
Comments (3)
See all